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Une Révolution dans le royalisme - 5. LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA FONDATION - Charles Maurras

4 avril 2010, 20:35, par F.Aimard

Charles MAURRAS (1868-1952)

Le jeune Charles Maurras, issu d’une famille de petite bourgeoisie provençale, orphelin de père, après de brillantes études dans un collège religieux d’Aix, n’a pas pu faire de véritables études académiques à cause de sa surdité qui constitue le drame de sa vie. Il arrive à Paris avec sa mère et son jeune frère et débute obscurément dans le journalisme.

Quatre ans plus tard, il écrit dans « La Gazette de France », journal royaliste, où il fait ses débuts, tout en n’étant pas royaliste,

De 18 à 22 ans, il est préoccupé par la foi religieuse qu’il a perdue, et la fascination de la Grèce antique. Esthète, il fréquente bientôt les milieux intellectuels de la capitale, et il est influencé dans ses propres réflexions par le dilettantisme de Renan, le pessimisme de Schopenhauer, le déterminisme de Taine. Mais d’autres maîtres vont agir sur lui : ce sont, après Anatole France qui endurcit son paganisme, Barrés qui le sensibilise au sens de la Patrie, Mistral qui stimule son amour du terroir et dont le jeune Maurras ne peut oublier l’action politique.

Le positivisme d’Auguste Comte permet enfin à Maurras, qui est agnostique, de définir un ordre moral et politique en dehors de toutes références métaphysiques.

Enfin. Maistre et Bonald lui apportent les éléments de son traditionalisme, tandis que Le Play et La Tour du Pin lui font préciser ses idées sur la société et notamment sur le rôle de la famille

L’année 1895 est décisive pour Maurras. C’est celle de son voyage en Grèce, d’où il rapportera « Anthinéa », ouvrage fondamental pour l’expression de sa pensée politique et philosophique, et dans lequel il exprime ce que devrait être l’ordre du monde.

Ce n’est qu’au retour de son voyage en Grèce que Maurras s’affirme royaliste.

En 1898, il se joint au petit groupe nationaliste naissant, créé sur l’initiative d’Henri Vaugeois et de Maurice Pujo. En 1904, il en aura fait un mouvement royaliste.

Pour ne pas compromettre le rapprochement de l’A.F. et des catholiques, il supprime environ quatre pages d’« Anthinéa » violemment antireligieuses.

C’est en 1895 qu’éclate l’affaire Dreyfus, qui aura pour Maurras des conséquences marquant l’essentiel de sa pensée politique, à savoir que l’individu ne doit pas primer l’État, contrairement à ce qui se passe en démocratie, et que, pour restaurer l’autorité de l’État, il faut à celui-ci la durée et l’unité de commandement, donc l’hérédité, d’où la Monarchie.

En 1901, il réalise « L’Enquête sur la Monarchie », suite d’entretiens qui définissent un royalisme à la fois traditionnel et nouveau, dans la ligne de la revue de l’A.F. Royalisme nouveau parce que Maurras ne croit pas au droit divin des Rois mais s’appuie sur la raison positive, retournant en quelque sorte le catéchisme républicain par une redoutable dialectique.

Il prône la monarchie héréditaire car l’éducation lui paraît fondamentale dans la formation d’un roi, comme dans celle d’un artisan ou d’un diplomate, et quelle meilleure éducation que celle de la famille et du milieu ?

Il s’agit en quelque sorte d’une famille de spécialistes comme devrait l’être l’ensemble des familles françaises pour un « meilleur rendement humain ».

Désormais, la vie de Maurras est toute vouée à son activité de journaliste politique, surtout à partir de 1908, où l’A.F., devenue un quotidien, ne cessera de se développer.

Quand il connaît la prison, en 1935, non seulement il ne cesse pas de rédiger son article quotidien, mais il élabore largement des ouvrages qui deviendront : « Mes idées politiques » (1937), bilan synthétique de sa doctrine, « Devant l’Allemagne éternelle » (1937). Entre temps, il publie, en 1925, un recueil de poèmes : « Musique intérieure ».

Maurras connaît une très large audience intellectuelle, du fait de son talent littéraire et de son art de la polémique. Des hommes aussi différents que Léon Daudet et Henri Massis, Robert Brasillach et Georges Bernanos, Pierre Gaxotte, Jacques Maritain, Thierry Maulnier, Kléber Haedens et, au début, Barrés, Henri Bordeaux, Jacques Bainville, Paul Bourget, se trouvent un moment rassemblés sous l’étendard maurrassien.

Cependant nombreux sont ceux qui quittent l’A.F.

 Maritain en 1926 avec la condamnation pontificale, (pour Maurras, l’Église était essentiellement une autorité utile pour l’ordre, « un temple des définitions du devoir »),

 Bernanos en 1932, sa conception du royalisme étant différente de celle de l’A.F.,

 Brasillach en 1941, parce qu’il était devenu collaborationniste.

Arrêté en septembre 1944 pour intelligence avec l’ennemi car il a soutenu le régime du Maréchal Pétain, condamné à la dégradation civique, à la détention perpétuelle, à Riom puis à Clairvaux, il poursuit son œuvre tant politique que littéraire, en écrivant entre autres « L’ordre et le désordre » en 1948. Ayant obtenu une grâce en raison de sa santé très peu de temps avant de mourir dans une clinique de Tours et alors qu’il a retrouvé la foi de son enfance, il laisse encore, notamment, un livre sur Pie X et un dernier recueil de poèmes.

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