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Une Révolution dans le royalisme - Première partie

5 avril 2010, 11:57, par F.Aimard

E. CE QUI SE RENFORCE

La critique du capitalisme devient plus cohérente. La N.A.R. passe de la critique globale de la société industrielle à une critique précise des mécanismes du système capitaliste.

La critique du libéralisme économique devient plus radicale.

Et de ce fait, la critique de l’impérialisme américain devient plus profonde ; elle se renforce là aussi par une analyse très précise du système.

Par voie de conséquence, les propositions économiques apparaissent sur deux thèmes qui se précisent :

 les nationalisations

 la protection économique.

La N.A.R. considère que le libéralisme économique est le renforcement des grands groupes qui tuent la liberté d’entreprendre, et menacent l’indépendance de l’État.

Il est vrai que l’anticapitalisme caractérisait la génération qui a fondé la N.A.R.

Mais les jeunes royalistes lui ont donné quelque chose de plus radical.

Il y avait une triple tendance anticapitaliste à l’A.F. :

 la rencontre avec la tradition socialiste proudhonienne,

 la tendance corporatiste,

 la tendance libérale.

La tendance à rencontrer la tradition proudhonienne est apparue dans les années 1910.

La tendance libérale a été incarnée par Jacques Bainville. A la question « Comment sortir de la crise de la société de consommation ? » les royalistes de la N.A.R. devaient apporter une réponse originale. Leurs solutions allaient bien entendu à l’encontre de la logique productiviste libérale.

F. CE QUI EST BOULEVERSE

La conception que la N.A.R. a du roi est bouleversée, et la question du Prétendant se pose à nouveau. La N.A.F. connaissant peu le comte de Paris, le considérait simplement comme le point central de son système.

Mais une fois passée la prise de contact, la pensée du comte de Paris devient un élément déterminant. La rencontre intellectuelle avec lui, accélère la prise de conscience et conduit à l’abandon progressif de la référence à l’Action française. A partir de ce moment, la N.A.R. ne peut plus ignorer le Prétendant, et doit désormais agir en fonction de ce qu’il pense, en gardant toutefois une indépendance certaine.

a) La question du comte de Paris

Très rapidement apparaît aux yeux de la N.A.R. le paradoxe d’un mouvement royaliste ignorant le prétendant. Elle tente alors de savoir ce qu’il devient, et des hommes comme Philippe de Saint Robert ou Pierre Boutang lui expliquent les positions politiques du prétendant et les raisons de son retrait.

Dès la publication de ses premiers livres (« Le projet royaliste », « Un autre Maurras »,) la N.A.R. n’omet pas d’envoyer un exemplaire au comte de Paris qui répond par des lettres très chaleureuses.

Pourtant, ces bonnes relations entre la N.A.R. et le comte de Paris, sont nées d’une crise : lors des élections présidentielles de 1974, le comte de Paris se montre hostile à la présentation d’une candidature royaliste. La N.A.F. s’efforça alors de le convaincre, et finalement, B. Renouvin se présenta, sans aucune étiquette, bien que cela lui coûtât très cher vis à vis de militants qui, ne pouvant être mis au courant, comprenaient mal cette réserve.

Le livre de Philippe Vimeux, « Le comte de Paris ou la passion du présent » contribue à rapprocher la N.A.F. du comte de Paris.

Lors de la publication de ses « Mémoires », le comte de Paris ne cache pas la sympathie qu’il éprouve pour les jeunes royalistes.

Les liens noués deviennent très cordiaux et sont aujourd’hui très étroits.

Du fait de cette modification, la vision de la République et de la Monarchie, est radicalement bouleversée.

La N.A.R. s’aperçoit alors qu’il n’y a pas de pouvoir politique pur mais toujours un mélange. Elle démontre que, par exemple, dans la Ve République, il y a une certaine part de Monarchie.

Mais la N.A.R. veut aller plus loin et a l’ambition de réconcilier la tradition monarchique, c’est-à-dire l’indépendance de l’État avec la tradition républicaine, c’est-à-dire le suffrage universel. Le comte de Paris exerça à ce sujet une grande influence sur les royalistes. Le thème antidémocratique était abandonné.

b) La question de la République et de la Monarchie La conception de la République et de la Monarchie de l’A.F. était liée à la forme historique du début du vingtième siècle. Maurras fonda sa critique de la République sur le système parlementaire, en ne cessant de souligner son incohérence, son incompétence profonde.

La N.A.R. considère que cela reste valable dans une certaine mesure, mais que la Ve République a changé les données du problème : le Parlementarisme n’a pas le même poids.

Les partis politiques sont l’expression de la volonté populaire, mais ne le sont pas à eux seuls. L’intérêt général est assuré par le président de la République, investi d’une responsabilité de type monarchique.

Cette transformation des concepts de République et de Monarchie a une conséquence importante, où naît l’idée, jusqu’alors absente, de Légitimité. La notion de légitimité est un thème non maurrassien.

Ayant subi l’influence de Pierre Boutang, Philippe de Saint Robert, du Général de Gaulle et du comte de Paris, la N.A.R. peut affirmer alors que l’essence de la légitimité est :

 d’incarner l’histoire nationale,

 de rendre service au peuple,

 de bénéficier du consentement populaire.

Malheureusement pour lui, Maurras, selon la N.A.R., ne tint compte que de la nécessité « d’incarner l’histoire nationale », et négligea le consentement populaire.

c) La question de la légitimité

La notion de légitimité a toujours été liée à celle de Monarchie.

C’est la Monarchie qui a historiquement créé la France. La République, elle, n’a pas constitué de véritable légitimité, car elle ne répondait pas aux critères de celle-ci.

La N.A.R. reçoit alors de nouveaux apports, qui renforcent la notion de légitimité :

 Philippe de Saint Robert, théorise l’expédient ce gaullienne accordant la légitimité et le peuple. Le suffrage universel renforce la légitimité : il n’y a pas d’autorité véritable sans légitimité démocratique, car l’autorité s’appuie sur le consensus populaire et l’expression reconnue de celui-ci est le suffrage.

 Pierre Boutang, dans sa théorie du pouvoir, précise que la légitimité est le perpétuel dialogue de l’autorité et du consentement.

 Le philosophe Claude Bruaire considère que la position de l’État doit être extérieure à la société pour que ce dialogue soit possible. Pour la N.A.R. il est évident que la monarchie peut conserver ce caractère d’extériorité.
 Enfin, le comte de Paris, déclare que la Monarchie ne s’établit et ne se légitime vraiment qu’à cause des services qu’elle rend à la Nation. Il pense qu’il faut retrouver l’adhésion du peuple français par les services rendus.

G. CONCLUSION

Tout au long du cheminement de la N.A.F. à la N.A.R. les principales influences exercées sur elle, furent donc celles du comte de Paris, de Georges Bernanos, de Pierre Boutang, de Maurice Clavel, de Philippe de Saint Robert, de Claude Bruaire ...

La N.A.R. a voulu se débarrasser du maurrassisme qu’elle considérait comme un système de pensée clos, entreprise extrêmement difficile et qui n’a pu se faire que peu à peu.

Néanmoins, elle reconnaît l’influence de Maurras dans sa philosophie anti-rousseauiste, et à travers tout ce que de Gaulle a repris de Maurras. Mais il y a des thèmes maurrassiens que la N.A.R. ne saurait accepter, tels l’antisémitisme, ou l’approbation de Vichy, du fait de leur importante portée ; de ce fait, la N.A.R. considère l’antisémitisme - même « d’État et non de peau » selon la classique distinction maurrassienne - comme inacceptable. L’Action française ne pouvait plus définir la réalité de la N.A.R. qui était devenu un mouvement politique original.

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