Accueil > ... > Forum 26

Une Révolution dans le royalisme - Première partie - Chapitre 3

5 avril 2010, 11:55, par F.Aimard

Chapitre III

DE LA NOUVELLE ACTION FRANÇAISE A LA NOUVELLE ACTION ROYALISTE (N.A.R.)

A. REPERES CHRONOLOGIQUES

1971 Fondation de la Nouvelle Action Française.

1972 La N.A.F. fait campagne contre l’Europe supranationale.

1973 La N.A.F. fait campagne contre la Nouvelle Droite. Edition du Projet Royaliste de B. Renouvin.

1974 Campagne présidentielle de B. Renouvin. La N.A.F. participe en tant que telle aux municipales de 1977, aux législatives de 1978, et à quelques élections partielles.

Publication du « Désordre établi », de B. Renouvin et de « Un autre Maurras » de G. Leclerc.

1975 Publication de « Le comte de Paris ou la passion du présent », de Ph. Vimeux, qui fait redécouvrir à la N.A.F. la profondeur de la pensée du Prétendant. Premier grand rassemblement : les « Journées royalistes » à Rueil. Campagne pour l’intégration des Français musulmans. 1976 En moins d’un an, la N.A.F. voit ses locaux attaqués par un commando d’extrême-droite, puis est victime d’un attentat à la bombe, alors que son imprimerie est détruite par un incendie criminel.

1977 Le journal « N.A.F. » devient « Royaliste » et est désormais diffusé dans les kiosques.

1978 La N.A.F. devient la « Nouvelle Action Royaliste » (N.A.R.), la référence à l’Action française ne correspondant plus à sa conception du mouvement royaliste. La N.A.R. fait campagne contre L’Europe avec les Gaullistes d’opposition.

1979 Publication des « Mémoires » du comte de Paris. La N.A.R. fait campagne pour sa diffusion, tout en affirmant l’indépendance du Prétendant à son égard.

1980 Cette campagne s’amplifie lors de la diffusion de cinq émissions télévisées sur ces « Mémoires ».

1981 Échec de la N.A.R. pour présenter un candidat aux élections présidentielles.

Au second tour de ces élections, la N.A.R. appelle à voter pour François Mitterrand.

Publication de la « Révolution tranquille » de B. Renouvin.

1982 Lancement des « Clubs Nouvelle Citoyenneté » et de la revue « Cité ».

1983 Présentation de listes aux Municipales en alliance avec

— le Mouvement des Démocrates, de Michel Jobert,

— des gaullistes de gauche du mouvement de Léo Hamon, et diverses personnalités.

Premier colloque des « Clubs Nouvelle Citoyenneté ». Publication de « Charles Maurras et la question sociale » de Bertrand Renouvin.

B. INTRODUCTION

LA N.A.R. PAR RAPPORT A MAURRAS

Au fil des ans se fait nettement sentir une perte de la référence maurrassienne, référence qui était encore de rigueur en 1974, mais qui se perd tout à fait au contact du comte de Paris.

Lorsque, en 1978, la N.A.F. prend le nom de N.A.R., c’est pour trancher de manière définitive le lien qui la relie à l’Action française.

En somme, la N.A.F. avait la ferme volonté de rompre avec le maurrassisme, afin de retrouver le « vrai » Maurras, le fondateur de la jeune Action française vivante et conquérante.

Cette séparation d’avec le maurrassisme s’est déroulée lentement et sans drames, lesquels avaient tous éclaté avant 1974.

Cet abandon du maurrassisme est venu spontanément, de la part des militants surtout.

A l’unanimité, ces jeunes royalistes s’étaient rendu compte qu’assumer l’héritage de l’A.F. était une contrainte tout à fait inutile.

Il n’y eut aucun reniement ; ce fut une sortie du cadre idéologique maurrassien qui devenait étriqué et étouffant, sortie qui se produisit sans heurts, naturellement. A partir de 1974, une grande partie du public renouvelé n’était pas du tout maurrassien.

C’est en 1975 qu’on voit apparaître une référence plus marquée à Georges Bernanos.

C. RECHERCHE DE BERNANOS

Bernanos, que Gérard Leclerc considère comme son auteur d’adolescence (« Sous le soleil de Satan », se présente comme un recours intellectuel à une pensée qui ne soit pas maurrassienne).

Mais c’est là une rencontre nullement fortuite ; Bernanos était le retour aux sources de l’A.F., à sa pureté originelle (dialogue avec le syndicalisme révolutionnaire...)

C’était aussi la découverte implicite que la pensée d’A.F. révélait de graves insuffisances, auxquelles Bernanos était en mesure de suppléer.

La N.A.R. entrevoit une dimension théologique importante chez Bernanos, c’est une pensée politique qui ne se sépare pas de son terrain religieux.

Aux débuts de la N.A.F., Pierre Boutang déclara à ces jeunes royalistes : « Vous être trop jeunes pour avoir le sens historique ! » Le sens historique, pour être complet, demande du temps. Mais lorsqu’on l’a saisi, alors on ne considère plus la politique comme une science des moyens seulement.

Bernanos, lorsqu’éclata la guerre d’Espagne, ne put comprendre comment les catholiques pouvaient tolérer de telles horreurs de la part des franquistes ; ce fut le début de sa critique du totalitarisme fasciste. La N.A.R. considère que l’A.F. n’a pas toujours été sensible à l’enjeu spirituel du totalitarisme.

Pour elle, Hitler est plus que l’« Allemagne éternelle » de Maurras, plus que le nationalisme racial, narcissique ; c’est leur aboutissement.

Le nazisme est un retour au paganisme, aux mythes religieux ; c’est de là que vient sa sauvagerie inhumaine. Bernanos, qui avait le sens historique, Ta, selon la N.A.F., mieux senti que l’A.F. ; ce qui explique probablement sa non-collaboration.

Maurice Clavel avait donné une philosophie, un sens spirituel à la révolution : « contre l’intolérable, il n’y a que la résistance ». Mais pour la N.A.R., il reste une vérité : Bernanos constituait une réponse à la question du totalitarisme.

En 1978, lorsque la N.A.F. devient la Nouvelle Action Royaliste, de nombreux éléments ont changé dans la pensée politique des royalistes : certaines perspectives ne changent pas, d’autres se renforcent, et d’autres sont bouleversées.

D. CE QUI NE CHANGE PAS

a. L’indépendance nationale et la conception de la politique étrangère

Les royalistes se proclament de moins en moins nationalistes, car ils savent empiriquement que « nationalisme » est un mot piégé. Mais l’idée de la défense nationale persiste. Et la N.A.R. s’efforce d’assurer un prolongement du thème gaullo-maurrassien, thème en fait purement capétien : l’idée de fédérer la France contre les empires, (c’est le Maurras de « Kiel et Tanger »).

La France doit fédérer et assembler les petites et moyennes nations pour lutter contre l’emprise des empires (thème toutefois assez rapproché du vrai nationalisme maurrassien).

D’autre part, la N.A.R. maintient sa conception de la défense nationale, qui affirme la nécessité d’assurer la priorité et l’indépendance à la dissuasion nucléaire. A ce sujet, l’influence du général Gallois, fut déterminante.

b. La façon de concevoir le problème européen reste identique

La N.A.R. dit oui à l’internationale des nations, mais oppose un non catégorique à l’Europe des bureaucrates, à l’Europe supranationale, dominée en fin de compte par les Américains. Ce n’est pas seulement de l’anti-européisme-me, c’est l’affirmation d’une communauté culturelle.

c. La question de la décentralisation ne change pas

La N.A.R. réaffirme sa ferme volonté de décentraliser, et ceci reste un thème constant, sur lequel de très nombreuses études furent faites.

C’est une des raisons pour lesquelles la N.A.R. appela à voter F. Mitterrand aux élections présidentielles de 1981 : celui-ci avait promis, comme un des thèmes majeurs de son programme, la décentralisation.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.