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Une Révolution dans le royalisme - Chapitre II - NAISSANCE DE LA NOUVELLE ACTION FRANÇAISE (N.A.F.)

4 avril 2010, 21:05, par F.Aimard

ORGANIGRAMME DE LA RESTAURATION NATIONALE

COMITÉ DIRECTEUR

(10 membres, président : B. Mallet)

secrétaire général : Pierre Juhel

« Aspects »  : Pierre Pujo

« A.F.U. » Yvan Aumont, Michel Giraud

Mouvement étudiant : Marc-Henri Perrin

Environ 40 fédérations de province

A. LA SCISSION

En 1969, l’organisation administrative de la R.N. se répartissait selon l’organigramme qui précède (développé dans le livre papier). Le récit qui va suivre repose sur l’interview de plusieurs militants qui ont été ensuite les fondateurs de la Nouvelle Action Française ainsi que de la consultation discursive de cartons d’archives non classés et non triés.

1. GENESE D’UNE CRISE

A cette époque, il avait été décidé de présenter Me Georges-Paul Wagner comme candidat royaliste aux élections présidentielles. Mais, au dernier moment, et, pour une cause qui demeura inconnue, le secrétaire général de la R.N., Pierre Juhel, ordonna à Me Wagner de retirer sa candidature et refusa catégoriquement que la R.N. présentât un candidat.

Il donna des raisons différentes et inconciliables à plusieurs militants qui, après s’être concertés, reconnurent que le secrétaire général leur avait menti. Ils décidèrent alors de proposer des réformes internes du mouvement et du journal.

Vers la fin de l’année 1970, le trouble qu’on avait cru superficiel, s’aggrava brusquement découvrant un profond malaise au sein même de la Restauration Nationale.

L’harmonie qui semblait régner entre les responsables des différentes branches du mouvement, le secrétariat général de la R.N. et le directeur d’« Aspects de la France » n’était qu’une apparence. Seule l’estime réciproque et parfois l’amitié sincère cachaient au public les profondes divergences politiques qui existaient entre les responsables. Celles-ci devenaient de plus en plus aiguës en même temps que devenait éclatante la leçon des faits : la diffusion d’« Aspects » ne cessait de baisser.

Cependant, pour qui n’avait pas de responsabilités directes au sein des organisations du mouvement, rien ne laissait présager la gravité de la crise, d’autant que le mouvement étudiant et son journal « AF-U » (le titre complet mais jamais utilisé est « Amitiés Françaises Universitaires ») étaient florissants.

Au lendemain de la guerre, le nouveau départ de l’A.F. avait été rendu possible grâce au capital de fidélité conservé malgré les épreuves. Malheureusement, ceux qui constituaient ce capital, souvent âgés, disparaissaient, et les nouveaux abonnés n’étaient pas assez nombreux pour compenser les pertes.

La décrépitude du journal s’accompagnait d’une crise interne croissante. Les milliers d’étudiants qui s’étaient regroupés dans les rangs de la R.N. se dispersaient au lendemain de leur service militaire, et rien n’était fait d’utile pour retenir ces « jeunes anciens », ce qui faisait de la R.N, un mouvement à forte majorité d’étudiants. Les premiers perdaient l’espoir de faire un travail efficace qui soit en rapport avec leur nouvelle condition, familiale et professionnelle, devant le refus de leurs suggestions, écartées les unes après les autres.

Mais pourtant, quelques espoirs pouvaient encore laisser croire que tout allait s’arranger :

a- le renforcement du mouvement étudiant depuis 1968, constitué de jeunes qui manifestaient un esprit d’entreprise, une volonté d’arriver au but, des qualités intellectuelles certaines, ainsi qu’une connaissance approfondie des idées d’A.F.

b- la création d’une Fédération parisienne de la R.N. dirigée par Jean Toublanc et coordonnant les sections parisiennes, ce qui déchargeait le secrétaire général de cette fonction, faisant aussi un premier pas vers la décentralisation.

Mais le mal subsistait en profondeur : périodiquement, une crise éclatait, provoquée par le découragement ou l’impatience devant un immobilisme obstiné :

Les étudiants royalistes n’avaient jamais pu obtenir une organisation nationale qui coordonnerait et rendrait communes les campagnes et activités des sections provinciales.

Les rencontres entre responsables étaient soupçonnées de fournir l’occasion de sombres complots.

— Toute initiative un peu nouvelle, quelle qu’elle fût, paraissait suspecte.

C’est alors qu’intervent la « Lettre ouverte à Richard Deshayes », article de Gérard Leclerc, alors adjoint de Pierre Pujo, paru dans le numéro 163 d’« A.F.U. » de mars 1971.

Richard Deshayes, militant gauchiste de vingt ans, blessé aux yeux par une grenade projetée en tir direct par les brigades spéciales d’intervention dans une manifestation, condamne violemment les forces de l’ordre et appelle à la « Révolution anarchiste, fondée sur l’Amitié et la Fraternité ».

Dans son article « Lettre ouverte à Richard Deshayes », Gérard Leclerc critique fermement l’attitude de Richard Deshayes qui appelle à la révolte les jeunes de 15 à 25 ans pour trouver la « Liberté ». 11 affirme que le danger révolutionnaire ne sera écarté qu’après avoir établi « un ordre structural adapté aux besoins permanents et vitaux du corps social et de l’économie moderne », ce que, seule, la Monarchie peut faire.

Par contre, toute anarchie destructive conduit au nihilisme et au totalitarisme, et les jeunes révoltés comme Richard ne sont en fin de compte que des produits, des jouets de la société de consommation, qui les pousse à se vautrer dans la « chiennerie » dans laquelle ils veulent se vautrer.

Cependant, G. Leclerc adhère totalement à l’idée de « réaction contre le désordre établi », et affirme que le seul moyen d’arriver à la fraternité pour la contestation est de tourner le dos à ce « royaume d’Absurdie », qui n’a pas les moyens de ses fins et de suivre la « voie royale de l’Amitié fondée sur l’ordre naturel et vital aux sociétés humaines. »

Cet article valut à G. Leclerc d’être l’objet de très nombreuses accusations de « déviations doctrinales » et de « gauchisme », auxquelles il répondit dans « Suis-je gauchiste ? », article paru en mai 1971 dans le numéro 165 d’« A.F.U. »

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