Quatrième Partie
DES RELATIONS QU’ELLE ENTRETIENT… …A L’IMAGE QU’ELLE DONNE
Chapitre 1
LES RELATIONS DE LA N.A.R. AVEC LES MOUVEMENTS MONARCHISTES ETRANGERS
1. LA N.A.R. ET LE PARTI POPULAIRE MONARCHIQUE PORTUGAIS
Bref historique du Parti Populaire Monarchique
Ce jeune mouvement a pour programme de développer le Portugal en alliant « niveau de vie » et « qualité de vie ».
Les royalistes qui étaient contre Salazar étaient minoritaires pendant la dictature.
La plupart des royalistes pensaient que Salazar, comme Franco en Espagne, allait refaire la monarchie. Les autres croyaient que la monarchie ne pourrait revenir sans l’appui du peuple, sans un référendum.
Les premiers prisonniers politiques, sous Salazar, furent des monarchistes. Dès sa création, le P.P.M. a voulu rester un parti indépendant des autres forces politiques afin de ne pas participer au débat idéologique qu’il estimait dépassé. Discuter des relations de production, des idéaux sociaux de la Démocratie chrétienne ou du Communisme, n’a rien à voir avec le pays réel.
Seul parti écologiste au Portugal, le P.P.M. est en première ligne contre le nucléaire et le gaspillage, pour l’utilisation rationnelle des ressources du pays.
Dans la perspective des élections, ils se sont rapprochés des socio-démocrates.
Le P.P.M. a conquis de nombreux sièges lors des dernières élections municipales et régionales. Les dernières élections municipales lui ont attribué deux pour cent des voix au niveau national.
Le P.P.M. refuse de rentrer dans le jeu de la Gauche contre la Droite, ou inversement.
Les royalistes portugais ayant participé à la « Révolution des œillets » qui libéra le Portugal de la dictature salazariste, le futur P.P.M. participa au premier gouvernement provisoire, tout en rejetant - ce qu’il considère aujourd’hui comme une erreur stratégique - les grands postes ministériels et se contentant d’un secrétariat d’État.
Les royalistes ont participé efficacement à la lutte contre la tentative de prise du pouvoir par les communistes au début de la Révolution.
Les royalistes du P.P.M. sont reconnus comme des démocrates. Au Portugal, comme en France, les royalistes conservateurs n’ont aucune influence tant sur le plan de la pensée que sur celui du jeu politique. La vision politique du P.P.M. coïncide avec celle de la N.A.R., surtout en ce qui concerne la décentralisation et le refus du libéralisme économique.
Comme la N.A.R., le P.P.M. recherche une troisième voie sur le plan socio-économique.
Jusqu’en avril 1983, le P.P.M. avait :
un ministre de la Qualité de la Vie,
un sous-secrétaire d’État à l’Agriculture,
une secrétaire d’État aux Sports,
une secrétaire d’État à l’Environnement.
Il avait également six députés.
L’allocation d’État aux partis politiques constitutionnels assure au P.P.M. son indépendance matérielle.
Le duc de Bragance, leur prétendant, est un écologiste convaincu qui dialogue avec la classe politique et avec « tout ce qui compte » dans la vie portugaise, intellectuels, professeurs, etc. Il connaît également très bien et se reconnaît dans la Doctrine sociale de l’Église catholique.
Il existe au Portugal un sentiment monarchiste populaire très fort, sans doute parce que le souvenir de la monarchie est récent dans la mémoire historique du peuple, et que la république fut une courte expérience de désordre politique qui entraîna la dictature.
L’idée royaliste, présente dans toutes les couches sociales, tend à percer dans les milieux étudiants, progressivement.
Comme à la N.A.R., les militants royalistes du P.P.M. viennent de tous les horizons politiques ; sociologiquement, le P.P.M. reflète la société portugaise.
Le royalisme portugais est riche d’enseignements pour le royalisme français : il montre qu’un mouvement minoritaire peut très bien, tout en gardant son indépendance, participer à un jeu gouvernemental, « s’allier sans se renier », tout en poursuivant son objectif : l’instauration de la monarchie.
La N.A.R. et le P.P.M., très proches sur le plan des idées politiques, entretiennent des relations amicales : B. Renouvin fut invité, pour une semaine d’études à travers le Portugal, en décembre 1982. Luis Filipe Coimbra, membre du Bureau politique du P.P.M. fut invité à Paris en juillet 1979, où il fut interviewé par la N.A.R., et c’est lui qui noua le premier contact entre les deux mouvements monarchistes.
2. LA N A.R. ET L’UNION MONARCHISTE ITALIENNE
L’U.M.I. a la caractéristique de regrouper en son sein toutes les tendances du monarchisme italien. De nombreux députés de différentes couleurs politiques sont en même temps adhérents de l’U.M.I. mouvement officiellement reconnu par le défunt roi Umberto. Cependant les militants actifs du mouvement, en particulier les jeunes royalistes, ceux qui ne se définissent que par leur royalisme sans aucune autre attache politique sont le plus souvent influencés par la pensée de la N.A.R.
Ils s’efforcent en effet de « mener un combat qui soit d’avenir », de redéfinir leur héritage culturel et historique et le transformer en potentialité révolutionnaire.
Ils conçoivent le fait de faire de la politique comme « comprendre l’histoire, observer les époques et l’évolution des valeurs ».
Avec la ferme intention d’élaborer leur propre projet royaliste, ils veulent sortir du ghetto où, ils se sentent enfermés pour évoluer, et devenir les porte-voix et les interprètes de toutes les oppositions et contestations sociales, culturelles, politiques, « unies dans un dessein unique : l’alternative monarchique ».
C’est pour eux, le sens du choix d’une « Monarchie radicale » ni extrémiste, ni conservatrice, mais fondée sur un consensus populaire. Sur le plan politique, l’U.M.I. a la volonté de lutter pour « s’identifier au pays réel oppressé par le pays légal, qui ne représente plus le peuple », de se définir comme n’étant ni de droite, ni de gauche, mais procédant de la nation entière.
Ils considèrent la Monarchie comme une « synthèse organique » rassemblant la Couronne et les citoyens.
Ils pensent que la tradition, ni conservatrice, ni progressiste, est quelque chose d’éternel.
Entre le collectivisme marxiste et la social-démocratie de l’État-providence, et le capitalisme effréné, les royalistes italiens proposent une troisième voie : certains d’entre eux préconisent une autogestion du monde du travail (cogestion des moyens de production et actionnariat ouvrier) et de l’école. A l’instar de la N.A.R. et du P.P.M., ils proposent une décentralisation administrative dans un État monarchique représentatif ou fédéral.
L’U.M.I. rend la République seule responsable de toutes les crises qui secouent l’Italie, car, d’une part, elle a failli historiquement, et d’autre part, elle est « totalement assujettie aux partis et aux factions,) ; elle est la proie des oligarchies financières.
Tout comme la N.A.R. les jeunes royalistes de F.U.M.I. entrevoient la Monarchie comme « unité et continuité », et le but de leur combat n’est pas la « restauration », mais « l’instauration ».