DEVELOPPEMENT HISTORIQUE DE LA NOUVELLE ACTION ROYALISTE
Chapitre 1
INSERTION DE LA N.A.R. DANS LE DEBAT POLITIQUE
La première grande manifestation de la N.A.F. par laquelle elle fit son entrée sur le « ring » politique, fut la participation aux élections présidentielles de 1974, et ceci pour deux raisons principales :
1/ L’accès à la candidature était relativement facile à l’époque étant donné que le candidat n’avait besoin que de la signature de cent maires. De plus, le gros de la campagne, « tout ce qui coûte cher », à savoir le matériel de propagande officiel, était payé par l’État.
2/ La candidature à la magistrature suprême est l’occasion rêvée de se faire connaître du grand public.
Ainsi, le candidat royaliste, B. Renouvin, pose à tous les Français la question de l’État, qui sera le thème de sa campagne. Mais à l’époque, le comte de Paris ne connaissait pas la N.A.F. et, ayant toujours le souvenir de ses graves mésententes passées avec l’A.F., il se méfiait des mouvements royalistes et avait clairement déclaré qu’il ne voulait pas qu’il y ait de campagne présidentielle royaliste.
Donc, B. Renouvin ne se présente pas en tant que royaliste, mais en son nom personnel, sans appartenance à un parti politique, en ayant toutefois des idées politiques bien définies. Dès lors, B. Renouvin devient crédible pour la presse.
Au second tour, là N.A.F. appelle ses militants à ne soutenir en aucun cas Valéry Giscard d’Estaing, en leur demandant de s’abstenir. Ceci représente concrètement le refus d’être inféodé à la droite ou à la gauche, lutte farouche qui se prolongera jusqu’aux élections présidentielles de 1981.
A partir de mai 1974, la N.A.F. prend vraiment position dans le débat politique français ; immédiatement, elle se met à critiquer Giscard, critique qui durera pendant tout le septennat, et dirigée contre « celui qui ne remplit pas les fonctions de président, qui représente la seule classe politique d’où il est issu, et non l’ensemble du peuple français. »
Depuis cette époque, la N.A.F. décide de réagir à tout événement politique, quel qu’il soit.
En 1977, la N.A.R. participe aux élections municipales, cette fois-ci en tant que mouvement royaliste (le comte de Paris n’étant pas intervenu). Une tentative d’alliance avec d’autres petits mouvements échoue.
La N.A.R. présente une liste dans dix arrondissements de Paris et une à Nice. Les résultats furent, comme prévu, médiocres, mais, plusieurs royalistes isolés furent élus dans des conseils municipaux, telle Régine Denis-Judicis, sur une liste d’union de la gauche à Épinal. La N.A.R. tient à mettre en avant cet exemple particulier comme une première victoire du mouvement.
A cette époque, pour bon nombre de Français, « royaliste » se confondait avec « extrême-droite », et la N.A.R. essaya vigoureusement de se dégager de cette étiquette par diverses actions significatives et retentissantes. En 1978, la N.A.R. participe aux élections législatives à visage découvert, en tant que mouvement royaliste.
Elle présenta un certain nombre de candidats, à Lille, à Rouen, à Angers, Nancy, Nantes, Nice, Versailles et Lyon, dans le but principal de donner une dimension politique aux responsables royalistes locaux. Son score fut faible (entre 0,5 et 0,8 %), mais le succès électoral n’était pas le but visé.
Le véritable but de la N.A.R. était de devenir une des composantes du paysage politique français.
Il y eut une deuxième élection partielle à Nancy, la première ayant été annulée, qui confronta deux autres candidats : un socialiste, et Jean-Jacques Servan-Schreiber, radical-centriste, européiste fervent. La N.A.R. demanda alors à tous les électeurs de voter pour le socialiste, dans le but de rompre une fois de plus le lien d’acier qui l’unissait à la droite, et surtout pour abattre l’homme qui incarnait parfaitement tout ce qu’elle combattait. A ce point de vue, ce fut un triomphe pour elle : Jean-Jacques Servan-Schreiber perdit son
Après un septennat consacré essentiellement pour la N.A.R. à une inlassable et vigoureuse critique du giscardisme, elle prit part aux élections présidentielles de 1981.
Mais Giscard, dans le but de décourager au maximum les petits mouvements, avait rendu considérablement plus difficile l’accès à la candidature :
il fallait cette fois-ci, les signatures de cinq cents maires,
une nouvelle réglementation avertissait que la liste des maires signataires serait publiée au Journal Officiel avec le nom de ceux pour qui ils avaient signé.
On comprend que cette réglementation venait à propos pour faire changer d’idée ceux qui auraient signé pour la N.A.R.
De plus, certains maires, qui avaient soutenu B. Renouvin aux élections de 1974, avaient subi des pressions de la part de l’administration préfectorale. Tous ces éléments s’additionnant constituèrent un obstacle insurmontable pour la N.A.R. qui ne put présenter de candidat.
Ce fut une déception, du fait, qu’à l’inverse de 1974, il aurait été possible de faire une campagne nationale purement royaliste.
Mais la N.A.R. était bien décidée à prendre position dans ce débat politique. Au premier tour, elle demanda à ses militants de voter pour les « petits candidats ».
Au deuxième tour, elle appela à voter Mitterrand, et ceci pour une raison fondamentale : la promesse de décentralisation.
De plus, il n’était sûrement pas pour lui déplaire de voir renverser Giscard ! La N.A.R. voulait aussi donner sa chance à François Mitterrand qui incarnait un espoir pour la France, aussi faible fût-il, mais elle ne se faisait pas trop d’illusions sur le programme socialiste.
Enfin, la Nouvelle Action Royaliste participa de manière active aux élections municipales de mars 1983.
Elle réussit de nombreuses alliances avec de petits mouvements tels que les Jobertistes, les gaullistes de gauche, et certains radicaux.
Mais elle ne forma aucun pacte avec les socialistes.
Elle présenta une liste dans quatorze arrondissements de Paris.
Elle connut un succès significatif lorsque Nicolas Lucas, délégué régional de la N.A.R. et animateur du club Nouvelle Citoyenneté de sa ville, fut élu à Angers, sur la liste de majorité présidentielle du maire sortant.
Plusieurs autres royalistes furent élus dans de plus petites communes. Leur règle d’or était de se présenter toujours en qualité de royalistes.
Ils adoptèrent une stratégie soit d’alliance avec ceux qui soutenaient Mitterrand, sans pour cela appartenir ni à la « gauche », ni à la « droite », soit de listes d’intérêts locaux.
En tenant compte du fait que celui qui est absent du jeu électoral n’est pas pris en considération, et du fait que, pendant les périodes d’élections, les électeurs peuvent être plus sensibilisés, la N.A.R est maintenant bien décidée à prendre part à toutes les élections qui se présenteront, afin de « banaliser » l’idée de monarchie, et de familiariser le grand public avec les royalistes.
La N.A.R. considère les années de 1971 à 1981 comme une période de test sur le plan électoral. Cette période fut composée de nombreux événements symboliques, d’expériences ponctuelles.
Ces tests lui paraissant probants, elle a décidé dorénavant de généraliser, d’agir sur une plus grande échelle, afin de crédibiliser son action et d’accéder aux médias.